Origine et histoire du Temple Saint-Martial
Le temple Saint-Martial d'Avignon est un lieu de culte protestant situé à l'angle de la rue des Lices et de la rue de la République ; la paroisse est membre de l'Église protestante unie de France. Il a été construit à l'origine comme palais destiné à loger la reine Jeanne Ire de Naples, comtesse de Provence, sur ordre du sénéchal Hugues IV des Baux à partir de 1346. La souveraine ne l'occupa qu'une seule fois, lors de sa venue à Avignon en 1348, au moment de la peste noire. En 1362, le pape Urbain V offrit le palais au cardinal Androin de la Roche, abbé de Cluny, en compensation du prieuré Notre-Dame de Belvédère annexé par Jean XXII lors de l'édification du palais pontifical de Sorgues. Le cardinal en fit sa première livrée avant de s'installer dans la livrée d'Annibal de Ceccano. L'édifice devint ensuite un établissement clunisien et la prioriale de Saint-Martial servit de chapellenie pour les familles de Clément VI et de Grégoire XI. Plusieurs prélats y furent inhumés, notamment Pierre de Cros, Guillaume d'Aigrefeuille le Jeune — dans la chapelle Saint-Étienne dont il avait été un bienfaiteur — et Jean de La Grange, ainsi que Raymond de Beaufort en 1420. La pierre tombale de ce dernier était encore enchâssée, au milieu du XIXe siècle, dans la chapelle de Canillac, près du cloître des bénédictins. Cette pierre, lors du passage de l'église au culte réformé, fut déposée pour entrer au Musée Lapidaire d'Avignon ; elle est aujourd'hui exposée au Musée du Petit Palais. En 1380, le camerlingue Pierre de Cros transforma le prieuré Saint-Martial en collège pour douze novices bénédictins et l'affecta à un recteur. Le premier recteur fut nommé par Jacques de Damas Cozan, petit-neveu de Grégoire XI et abbé de Cluny, qui devint par là même administrateur des prieurés de Piolenc, Sarrians et Pont-de-Sorgues. L'un des recteurs, Robert de Chaudesolles, deviendra abbé général de Cluny de 1416 à 1423. Au XIXe siècle, l'église désaffectée abrita le Muséum Requien ; en 1866 Jean-Henri Fabre en fut nommé conservateur par la municipalité d'Avignon. Fabre y travailla aux colorants et donna des cours publics de chimie. Il reçut en 1867 la visite de Victor Duruy, qui, devenu ministre de l'Instruction publique, le convoqua deux ans plus tard à Paris pour lui remettre la Légion d'honneur et le présenter à l'empereur Napoléon III. Duruy confia à Fabre des cours du soir pour adultes, ouverts à tous, qui connurent un grand succès. Les leçons de botanique attirèrent un public varié : de jeunes villageoises, des agriculteurs curieux et des personnalités cultivées telles que l'éditeur Joseph Roumanille et le philosophe John Stuart Mill, qui devint l'un de ses amis. Stéphane Mallarmé enseigna également dans ces cours municipaux ; après avoir été chargé d'anglais au lycée de garçons, il obtint un congé pour raisons de santé en janvier 1870 et donna des cours destinés aux jeunes filles jusqu'en mai 1871. La loi Duruy de 1867 et les réactions cléricales et conservatrices qui suivirent entraînèrent la suppression des cours du soir après deux ans ; Fabre, accusé d'avoir expliqué la fécondation des fleurs devant de jeunes filles, démissionna de son poste au lycée fin 1870 et quitta l'enseignement sans pension. À la Renaissance, la Réforme se développe dans la région, notamment à Orange et à Nîmes, mais elle est réprimée dans la cité papale. La liberté de culte fut reconnue par l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. À partir de 1830, la communauté protestante d'Avignon s'installa à l'hôtel de Sade, rue Dorée. En 1881, l'église Saint-Martial fut affectée au culte réformé. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 23 avril 1911. L'orgue actuel a été réalisé en 1984 par le facteur d'orgues Pascal Quoirin. En 2014, l'Église protestante unie de France se réunit en synode national à Avignon.